Le minimalisme : un art de vivre

martine apprend l'improvisation jazz

L'improvisation jazz en 7 étapes

Applique le minimalisme en improvisation :

Les conseils que tu vas trouver dans ce petit livre sont applicables dans tous les styles de musique.

Vivre avec peu pour vivre mieux grâce au minimalisme

Le principe du minimalisme en improvisation : peu, c'est mieux.

Peu, c'est mieux.

Une définition simple du "minimalisme" ?

Le minimalisme, c'est se contenter de peu pour ne pas encombrer son esprit de pensées inutiles. "Less is more", disent les Anglo-Saxons.

 Si tu décores une pièce avec des plantes mais que tu alignes tellement de pots, serrés les uns contre les autres, sur toute la longueur et sur les 4 murs, tu vas vite te sentir envahi. Au contraire, si la décoration est sobre, chaque objet sera mis en valeur. Le minimalisme procède donc de la simplicité volontaire.

Le minimalisme existe dans tous les arts depuis les années 1960. Mais dans cet article, je ne vais pas te faire un exposé sur la musique minimaliste ; j'apprécie les compositions de Philip Glass - que j'ai déjà fait jouer à un élève pianiste qui appréciait beaucoup le minimalisme et la musique répétitive du compositeur - mais ce n'est pas ce style de musique que j'aborde dans mes cours d'harmonica : avec moi, tu joues plutôt des morceaux de jazz, blues, country, musique celtique, folk, pop, rock, musette, chansons françaises et internationales. Alors, pourquoi écrire un article sur le minimalisme si ce n'est pour aborder la musique minimaliste ? 

Eh bien, parce que c'est une démarche que j'ai adoptée récemment et qui donne d'excellents résultats, notamment en improvisation. Longtemps, j'ai cherché des méthodes pouvant me permettre de jouer de beaux solos et j'ai acheté une quantité impressionnante d'ouvrages sur l'improvisation, notamment en jazz et en bossa nova.

Ce style de musique laissant une grande part à l'improvisation, je me suis dit qu'en apprenant à improviser en jazz, j'aurais les capacités d'improviser dans d'autres styles de musique. Sur ce point, je ne m'étais pas trompé, mais là où je me suis perdu, c'est sous l'avalanche d'informations que j'ai eu à ingurgiter.

Trop d'informations tue l'information

bibliothèque remplie à craquer de livres

Trop d'informations, beaucoup trop !

A l'ère de l'information, nous avons accès à tellement de connaissances possibles que, bien souvent, on ne sait plus où donner de la tête. 

Tu souhaites apprendre à improviser ? Alors, tu vas trouver des quantités de vidéos, de livres, de méthodes, de CD, de partitions... Pourquoi en existe-t-il autant ? Avons-nous réellement besoin de les acheter tous ? Si nous n'avons pas besoin de tout cela, quelle légitimité y a-t-il à les acheter ?

Et même à l’intérieur d’une méthode elle-même, on trouve parfois beaucoup d’informations. Tu penses qu’un jour, tu pourras tout savoir ? Tu en es loin : chaque fois que tu découvres une nouvelle notion, tu prends le risque, ainsi que me l’a dit Jean-Jacques Milteau à propos des overblows – d’ouvrir une nouvelle porte derrière laquelle tu vas découvrir un monde nouveau. Ce n’est pas une mauvaise chose et, curieux comme je le suis, je me dis que c’est plutôt une aubaine de pouvoir découvrir autant de choses grâce aux livres. Mais le risque, en fait, c’est d’être submergé d’informations. D’en avoir tellement à notre portée que, d’une part, il faudra énormément de temps pour tout ingurgiter et d’autre part, pendant que l’on étudie tout ça, on ne passe pas beaucoup de temps sur son instrument. Or ce que l’on recherche, c’est de pouvoir passer rapidement à la pratique !

Pour ma part, quand j’ai abordé l’étude de l’improvisation, j’avais acheté une méthode dans laquelle il était expliqué qu’il fallait travailler des gammes dans tous les sens et dans toutes les tonalités : les 12 gammes majeures, les 36 gammes mineures, les 24 gammes blues et des centaines d’autres gammes dont se servent certains jazzmen. « Waouh ! Je vais en apprendre des mélodies », me suis-je dit (mon enthousiasme légendaire). Sauf que l’enthousiasme est retombé, après deux ans à ingurgiter toutes ces gammes qui n’avaient pas de sens musical (je monte la gamme, je descends la gamme, je remonte la gamme, je redescends la gamme…).

La preuve, c’est qu’après deux ans d’étude (à raison de deux heures par jour), j’ai joué lors d’un concert de mon groupe de jazz et un ancien professeur de musique, qui était venu m’écouter, m’a dit en coulisses : « Bravo, tu connais bien tes gammes ! Mais tes improvisations, ça ne va pas du tout : on n’entend pas de la musique mais des bouts de gammes collés les uns aux autres… » Frustrant, n’est-ce pas ? D’autant plus frustrant que c’est lui qui m’avait conseillé de travailler toutes mes gammes à fond ! Frustré et en colère…

Finalement, ces 2 années furent plus une grosse perte de temps qu’un enrichissement. Bien sûr, ce que j’avais appris, ce n’était pas complètement perdu, mais malgré la somme impressionnante d’informations que j’avais assimilée, je n’avais pas réussi à produire quelque chose de cohérent. Je dirai même que c’est à cause de cette montagne d’informations, que mon discours musical n’était pas cohérent.

Lister toutes les gammes possibles et imaginables, essayer de se les bourrer dans le crâne et croire qu'il va en sortir de la musique, c'est un leurre : j'ai fonctionné comme ça pendant 2 ans et il n'en est rien ressorti de valable.

J'ai laissé de côté l'idée d'improviser en jazz et me suis intéressé au blues. Les méthodes d'improvisation blues n'avaient rien à voir avec ce que j'avais tenté d'apprendre en jazz. Alors, j'ai repris goût à l'improvisation, d'autant que mes prestations étaient souvent applaudies.

Après ce passage de quelques années dans le blues, j'ai voulu me remettre à jouer du jazz, non pas par dégoût du blues (j'ai toujours aimé le blues et j'en joue toujours avec plaisir ; d'ailleurs, c'est un syle de musique que j'enseigne toujours), mais par envie de réussir là où j'avais échoué. Maintenant que je savais improviser dans un style de musique, j'ai ressenti l'envie d'improviser dans d'autres styles.

Le jazz étant fondamentalement plus complexe que le blues (plus d'accords, des accords plus enrichis, de nombreux changements de tonalité au cours d'un même morceau), je me suis vite rendu compte que, si j'appliquais stricto sensu les approches que j'avais apprises en improvisation blues, je risquais de retomber dans mes anciens travers, à savoir vouloir en apprendre beaucoup pour avoir la possibilité de jouer des phrases musicales dans n'importe quel contexte.

En apprendre peu à la fois

bureau aéré - métaphore du minimalisme en improvisation

Un bureau aéré, l'accès direct aux informations essentielles, ça libère l'esprit.

Cet espace de travail, n'est-il pas agréable ?

Il est à l'image de mon propre bureau.

Assis à mon bureau, j'ai accès à peu de ressources, mais ce sont des ressources facilement exploitables.

C'est un ami écologiste qui m'a parlé de minimalisme et de simplicité volontaire. En fait, le minimalisme découle de cet état d'esprit de simplicité volontaire : acheter beaucoup pour en jeter la moitié, ça n'a aucun sens, car on dépense beaucoup d'argent, beaucoup d'énergie et l'on crée beaucoup de déchets qu'il va falloir traiter.

Je ne vais pas dévier ce cours pour te faire un laïus sur le traitement et le recyclage des déchets, mais tu vois l'idée.

La simplicité volontaire, ce n'est pas vouloir vivre dans la pauvreté mais acheter ou fabriquer le minimum, c'est-à-dire uniquement ce dont on a besoin pour vivre heureux.

Et cela passe par une grande prise de recul et une grande réflexion, car on a tellement l'habitude d'acheter, dans notre société de consommation, qu'il nous est difficile de nous séparer d'objets que l'on croit utile, "au cas où".

Alors, on achète beaucoup, on ne se sert pas forcément de ce que l'on achète, mais on conserve "au cas où" et bien sûr, on achète des armoires et des étagères pour entreposer nos achats et quand les meubles prennent trop de place, on déménage pour prendre un appartement plus spacieux, car on se sent envahi... Bref, ce sont encore des dépenses d'argent et d'énergie complètement inutiles et qui, à la longue, nous épuisent.

Au contraire, la simplicité volontaire, même si elle demande une bonne dose de réflexion à la base, nous évite de tomber dans ces écueils de "fièvre acheteuse" et de perte d'énergie. Mais pour y arriver, il faut passer par la phase "minimalisme".

L'idée est de ne pas avoir en n exemplaires des objets dont on n'a besoin qu'en un seul exemplaire. Tu vis seul ? Pourquoi as-tu 6 assiettes et 6 fourchettes ? Vas-tu manger dans 6 assiettes à la fois ? Jamais de la vie ! Ah, mais tu pourrais inviter des amis. Admettons. Mais pourquoi as-tu 12 casseroles ?

Tu ouvres un restaurant ? Non, mais si un jour je dois changer de casserole... Eh bien, gardes-en une ou deux et le jour où tu en auras besoin, rachètes-en une. C'est aussi simple que ça.

Bon, c'est juste un exemple, mais ça te donne l'idée de la démarche.

Cette démarche, je l'applique dans mes cours de musique, ainsi qu'en improvisation : plutôt que m'embarrasser de centaines de gammes à jouer dans tous les sens, je cherche une astuce et une seule, un seul outil, que j'exploite à fond. Par exemple, je joue une seule note et j'essaie de trouver une ornementation. Prenons la broderie, par exemple : je joue un do, puis une note située juste au-dessus ou juste en-dessous de la note do, puis de nouveau la note do. Cela donne "do-ré-do" ou "do-si-do". Ce sont deux ornementations de do :

  • "do-ré-do" est une broderie supérieure ;
  •  "do-si-do" une broderie inférieure.

Si je joue une broderie à partir de chaque note d'une mélodie, j'obtiens une mélodie beaucoup plus riche. Pourtant, l'idée est simpliste. Une fois que j'ai ma phrase mélodique en broderies, je peux en trouver des variantes rythmiques, ce qui me donne encore plein de variations possibles.

C'est vraiment ça, l'idée : utiliser une seule idée à la fois et l'exploiter. Cela a deux avantages :

  1. on ne s'encombre pas l'esprit ;
  2. on pratique énormément.

Du coup, on ressort grandi de cette pratique instrumentale, car on progresse - plus on joue, plus on progresse - sans perdre de temps, d'argent et d'énergie à compiler tout un tas d'informations que nous n'aurions pas le temps de mettre en pratique.

L'improvisation, ça ne s'improvise pas

L'idée que le musicien improvisateur sort des phrases musicales ex-nihilo, frappé par la lumière divine, c'est une belle image, mais qui est complètement fausse : pour improviser de belles phrases musicales, il faut avoir appris à le faire.

Dans les cours d'improvisation, j'utilise le minimalisme : je te présente à chaque cours une notion ou deux - parfois trois, mais jamais plus - et je te montre comment exploiter ces notions.

Je ne me contente pas de théorie : je te joue de nombreux exemples d'application de ces outils dans des exemples de morceaux connus.

Veux-tu aborder l'improvisation en douceur ?

Je t'offre un petit livre pour aborder l'improvisation jazz. Même si tu ne souhaites pas devenir un professionnel du jazz, ces quelques premiers conseils vont te permettre de t'y mettre en douceur. Surtout que ces conseils sont utilisables dans tous les autres styles de musique.

En plus de ce petit livre, je t'enverrai des conseils réguliers en improvisation par e-mail (si tu veux te désinscrire pour ne plus recevoir mes conseils, tu trouveras un lien de désinscription en bas de chaque e-mail).

martine apprend l'improvisation jazz

L'improvisation jazz en 7 étapes

Applique le minimalisme en improvisation :

Les conseils que tu vas trouver dans ce petit livre sont applicables dans tous les styles de musique.

2023-07-31T18:53:47+02:00
  • Ravi que cela puisse t’aider, Amar Omri.

  • Amar Omri dit :

    C’est exactement ce que je sens au fond de moi-même et j’avais besoin de l’entendre. Merci, Bertrand. Ta méthode m’aide aussi dans mes exercices de Percussion. J’essaie d’écrire de simples phrases et m’entraîner et j’espère un jour arriver à bien improviser.

  • Un art que Beethoven ne cultivait pas : il aimait bien bavarder, dans ses compositions : ses développements étaient souvent variés et répétés et encore variés et encore répétés… Cela dit, quand on apprécie sa musique, ce n’est pas si grave. Et c’est un style.

  • Eh oui, tout à fait, chère Zaïre ! D’où le procédé d’ellipse, que l’on pratique dans les films et dans les livres.

  • Zaïre dit :

    Oui et en fait, ça vaut pour beaucoup de moyens d’expression (livres, films, …).
    En général, tout ce qui ne sert pas à l’intrigue gagne à être enlevé sous peine d’alourdir le truc (et de le rendre indigeste).

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